Dans le cadre de Semaine Démocratie, nous faisons régulièrement le point sur la législation en vigueur dans les différents pays francophones en ciblant une thématique en particulier. Nous avons aujourd’hui décidé de nous intéresser au secteur des paris sportifs sur le football et les autres sports mais aussi de façon plus générale, aux jeux d’argent et de hasard. Nous allons ici évoquer avec vous la législation des paris sportifs dans notre pays, mais aussi en France, en Belgique et au Canada. Nous tenterons au passage de repérer les similitudes et les divergences entre ces pays. La législation en Suisse Pendant de nombreuses années, le pari sportif n’a fait l’objet d’aucune mesure en Suisse. Si la Loterie-Romande était le seul opérateur habilité à proposer ses services, les bookmakers étrangers pouvaient également exercer sur le territoire suisse sans la moindre contrainte. Cela fait maintenant plusieurs mois que la Commission Fédérale des Maisons de Jeu tente de rectifier le tir. Les sites de paris sportifs doivent désormais obtenir l’aval de la CFMJ par l’intermédiaire d’une licence. Ces plateformes doivent veiller à la protection des joueurs et garantir des transactions entièrement sécurisées. Quant aux bookmakers qui ne possèdent pas la licence requise, ils sont tout simplement interdits en Suisse. La législation en France Au vu de la demande croissante des parieurs français, le gouvernement a fini par autoriser les bookmakers en ligne à partir de 2010 à l’occasion de la Coupe du Monde de football. En revanche, une institution a été créée afin de réguler cette activité : il s’agit de l’Autorité Régulatrice des Jeux En Ligne. Il convient de préciser que l’ARJEL a récemment disparu au profit de l’Autorité Nationale des Jeux. Les sites de paris sportifs doivent donc obtenir la licence dispensée par l’ANJ pour proposer leurs services dans l’Hexagone. A l’heure actuelle, 13 bookmakers en ligne sont autorisés en France : Bwin, Zebet, Parions Sport, Betclic, Winamax, Geny Bet, Feeling Bet, Vbet, Unibet, Pokerstars Sport, France-Pari, Netbet et PMU. La législation en Belgique Le contexte belge ressemble sensiblement à celui de la France. En effet, les sites de paris sportifs ont été autorisés à partir de 2011 et c’est à cette occasion que la Commission des Jeux de Hasard a vu le jour. Les joueurs belges peuvent ainsi parier en ligne, mais sous certaines conditions. La CJH s’avère plus souple que l’ANJ au niveau des licences octroyées dans la mesure où 24 bookmakers sont entièrement légaux en Belgique. Parmi ces enseignes, on retrouve notamment Zebet, Bwin, betFIRST, Unibet, Circus, Ladbrokes ou encore Bingoal. Ce sont d’ailleurs ces bookmakers qui se partagent l’essentiel du marché. La Belgique possède deux divergences avec la France : les jeux de casino sont autorisés, mais les bonus sont interdits sur les sites de paris. La législation au Canada La situation s’avère bien plus inextricable au Canada. Le pari sportif est autorisé sur l’ensemble du territoire dans les agences physiques agréés par la province concernée. En revanche, les bookmakers en ligne ne peuvent proposer leurs services en résidant depuis le Canada. Seule exception notable, le site Mise O Jeu est disponible au Québec. Plus surprenant, les bookmakers internationaux sont autorisés et vous avez donc la possibilité de placer vos paris sportifs en ligne. Il s’agit d’un réel paradoxe qui nuit forcément aux opérateurs canadiens qui voudraient se lancer sur Internet. Parmi les sites étrangers que l’on retrouve habituellement au Canada, les enseignes suivantes sont les plus populaires : 22bet, Bwin, Betway, Unibet, 888 Sport, Sporting Bet et Betiton.
Si le football reste le sport le plus populaire au monde et est bien souvent en proie à des récupérations politiques, il demeure régulièrement méprisé par les élites intellectuelles. Pourtant, le ballon rond constitue un vecteur démocratique à ne pas négliger. Dans le cadre de Semaine Démocratie, nous avons d’ailleurs décidé d’aborder deux thématiques étroitement liées : le football dans la démocratie et la démocratie dans le football. Cette question fascinante mérite une mise au point. Le caractère universel du football Un premier constat s’impose : grâce à des règles simples et à un matériel qui consiste en un simple ballon, le football permet à n’importe qui dans le monde de pratiquer ce sport. Cette discipline prend donc une dimension universelle dans la mesure où chacun peut se l’approprier comme un jeu, un sport, un mode de vie ou encore une véritable profession selon les cas. Si l’on excepte l’opinion primitive et les actes malheureux de certaines personnes, le football permet aussi de réunir des hommes et des femmes issus d’horizons différents autour d’un objectif commun. La simplicité apparente du football ne doit pas balayer les nombreuses valeurs qui sont véhiculées à travers le ballon rond. Pour prendre l’exemple de la Suisse, le football s’enracine dans le quotidien de nos concitoyens à l’échelle locale. On soutient l’équipe de son quartier ou de sa ville, ce qui contribue au sentiment d’appartenance de la population à son territoire. De même, les familles et les amis se réunissent à l’occasion des matchs diffusés à la télévision et en profitent parfois pour effectuer des paris en ligne. Quant aux plus anciens, ils nourrissent la mémoire collective à travers les exploits passés de la Nati ou des joueurs emblématiques tels qu’Alexander Frei ou Stéphane Chapuisat. Les débats sur les choix de l’entraineur permettent également d’échanger son avis avec les autres passionnés et donc de débattre. De génération en génération, ce savoir est transmis au sein du foyer, mais aussi au bureau, dans les bistrots et dans les autres lieux de vie. L’importance de la fête du football Les événements majeurs comme la Coupe du Monde et l’Euro constituent une sorte d’apothéose dans la mesure où le pays tout entier soutient la sélection nationale. Derrière chaque match, la nation fait bloc et chante à l’unisson pour son équipe. Ces grandes compétitions inscrivent également dans la mémoire collective un nouveau geste, un joueur de légende ou une rencontre désormais historique. S’il s’agit plus ou moins toujours de la même chose, cette émotion se régénère à chaque fois et nourrit une forme de solidarité sociale. Alors certes, les scènes de liesse ne durent qu’un temps et le football paraît illusoire. Une fois la Coupe du Monde terminée, chaque citoyen retourne vaquer à ses propres occupations. Il serait pourtant réducteur de considérer la fête du football comme un événement mineur tant il s’agit en réalité d’un véritable mouvement démocratique. Le philosophe Friedrich Nietzsche lui-même affirmait haut et fort que la fête avait pour fonction de réparer la société. Le football en est la parfaite illustration : d’un coup, on assiste à une véritable cohésion de la communauté à travers un langage universel constitué de chants, d’embrassades, de cris et parfois de larmes. Les clivages politiques s’estompent et une véritable identité collective se forge. Le football est d’ailleurs inconcevable sans la fête qui l’entoure et sans son aura préservée intacte par la mémoire collective. Autre élément à prendre en compte, la démocratie participative semble bien plus présente dans le football que sur l’échiquier politique. Nous vibrons tous de la même façon devant un match et les clubs donnent même un certain pouvoir aux supporters en les intégrant par exemple aux différentes réunions du conseil d’administration. C’est notamment le modèle des socios au Portugal et en Espagne. L’exemple de la démocratie corinthiane Pour finir, nous avons voulu vous présenter un cas unique dans l’histoire du football. Soucieux de combattre à sa manière la dictature militaire brésilienne, les Corinthians décident en 1981 d’établir un fonctionnement démocratique au sein du club. Cette initiative vient du nouveau président du club et sociologue Adilson Monteiro Alves, mais aussi du charismatique milieu offensif Socrates. La démocratie corinthiane supprime les primes de matchs et décide plutôt de distribuer les recettes liées à la billetterie et aux droits télé à l’ensemble des salariés du club. Les joueurs sont également au centre des décisions et gèrent la préparation des matchs, le recrutement ou encore l’organisation des déplacements. Sur le terrain, les Corinthians enchainent soudainement les succès tant les joueurs se sentent impliqués dans la vie du club. L’équipe devient un véritable symbole contre la dictature et arbore régulièrement des messages sur les maillots afin d’inciter les Brésiliens à aller voter. Ce système va fonctionner jusqu’en 1985 et cesse avec l’avènement de la démocratie au Brésil.